7 Décembre 2017
François Brune, né le 18 août 1931 à Vernon dans l’Eure, est un prêtre catholique français. Il est l’auteur de nombreux ouvrages concernant la théologie, la spiritualité, la vie après la mort et le paranormal en rapport avec la foi catholique. (wikipedia)
Rédemption et salut
Le Péché
Dans son ouvrage Pour que l’homme devienne Dieu, François Brune a développé une théologie du péché originel tenue par les scientifiques Rémy Chauvin et Olivier Costa de Beauregard pour la plus vraisemblable et la plus satisfaisante. Cette théologie est cohérente avec les messages transmis par Miss Alice Mortley. Elle postule que dans le cadre d’un temps transmuté en un Éternel présent, il n’y a pas de mal héréditaire et que la chute est un fait actuel non relégué dans le passé.
Pour le Père Brune, nulle part on ne trouve dans les Évangiles l’idée que l’état actuel de l’humanité serait dû à cette première faute, celle d’Adam. L’action et la conscience des hommes jouent un rôle déterminant sur la Création dès l’origine du monde et ce sont les péchés des hommes agissant à travers le temps et l’espace depuis le premier instant du monde qui entravent l’action créatrice de Dieu depuis le premier instant. En cela, il assure être en continuité avec les Pères grecs et suivre l’interprétation de Grégoire de Nysse : le Paradis terrestre représente le monde meilleur que l’homme aurait pu atteindre tout de suite dès sa création, si l’humanité avait su mieux aimer, à travers tous les siècles, passés ou à venir.
Pour le Père Brune, la tradition théologique occidentale a été parasitée par la pensée de saint Augustin, qui a bâti sa théologie du péché originel sur une erreur de traduction d’un passage célèbre de l’Épître aux Romains 5, 12-15, Saint Augustin travaillant sur un exemplaire de la Vulgate incorrect et parfois lacunaire. Saint Augustin écrivit que « par Adam, dans lequel tous ont péché, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes » alors qu’il fallait lire « par Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché » et sur cette erreur il a développé une théologie désespérante d’un péché héréditaire ne permettant pas aux enfants non baptisés d’accéder au paradis. Cette théologie ne relève pas du dogme de l’Église catholique, mais elle a influencé les théologiens occidentaux alors que les théologiens orthodoxes, s’appuyant sur les Pères grecs, n’ont jamais imposé l’idée d’un péché héréditaire vouant dès sa naissance un enfant à la damnation du fait qu’il aurait commis le péché en Adam. Ils reconnaissent une faiblesse fondamentale que les hommes portent dès leur naissance, leur insuffisance pour échapper seuls au péché et accéder au salut, mais, pour désigner cette faiblesse, ils n’emploient pas le mot péché. L’Église catholique n’a cependant pas fait sienne toute la théologie de saint Augustin et son catéchisme précise que le péché originel est appelé « péché » de façon analogique : c’est un péché « contracté » et non pas « commis », un état et non pas un acte (CEC 404). Cet état se transmet au genre humain « par propagation », et non « par génération » comme le proposait Augustin d’Hippone, ce qui ouvrait la porte à une forme de suspicion sur la sexualité.
Plus généralement, concernant la notion de péché, le Père Brune se réjouit de la tendance à un certain retour à l’enseignement de l’Église d’avant la crise des années 1960-2000. Pendant cette période, la notion de péché s’était estompée dans l’Église : les hommes n’étaient plus pécheurs mais simplement victimes de traumatismes subis de la part de proches. Cependant, il regrette que la pénitence demandée au pécheur soit assimilée à une punition, car celle-ci s’apparente davantage à un traitement douloureux qu’à une sanction : il s’agit de faire accomplir par le pénitent des actes qui renforceront sa vie spirituelle et l’aideront à mieux comprendre de nouvelles tentations.
Participation au salut
Dans Christ et Karma, le père Brune soutient que le salut n’est ni octroyé de l’extérieur, ce qui dispenserait de toute conversion intérieure, ni obtenu par soi seul, ce qui rendrait inutile le sacrifice du Christ. La première conception revient à donner aux sacrements une valeur magique, accordant des bénéfices spirituels mécaniquement sans s’insérer dans une démarche personnelle de Dieu alors que la seconde fait du Christ un simple modèle, un guide spirituel parmi d’autres. L’homme n’est ni trop faible pour faire son salut, ni assez fort pour le faire seul.
Le Christ, la communion des saints et la métaphore de l’holograme
Pour expliquer le mécanisme de la Rédemption et la participation de l’homme et du Christ à l’œuvre de salut, le Père François Brune fait appel à deux paradigmes scientifiques : l’hologramme et la non-séparabilité. Le monde spirituel selon le Père Brune ne peut se comprendre qu’à la lumière des principes de la physique quantique.
Amour de Dieu et souffrance
Pour le Père Brune, l’Amour divin n’est compréhensible que si l’on admet que l’Amour en Dieu n’est pas seulement l’une de ses qualités parmi d’autres, mais son être même : « Dieu n’est qu’Amour, son amour rayonne sans cesse comme le soleil rayonne sans cesse. Mais le soleil ne peut ouvrir vos volets. Tout ce qu’il peut faire, c’est laisser filtrer un peu de lumière à travers les fentes de vos volets pour vous donner envie de les ouvrir. Mais c’est à vous d’ouvrir vos volets. L’Amour de Dieu ne peut pénétrer en vous et vous transformer que si vous voulez bien le laisser faire. […] Nous sommes pardonnés à l’avance pour nos faits car Dieu n’est qu’amour mais l’amour ne peut nous dispenser de l’effort de l’accueillir, ce n’est pas une exigence de la Justice de Dieu mais une question d’efficacité. » Ainsi, si l’homme souffre, ce n’est pas l’effet de la volonté et d’une décision issue de la justice de Dieu mais d’un refus de l’amour.
La souffrance du Christ a eu lieu dès l’Incarnation et s’est poursuivie pendant toute sa vie terrestre, avant même la Passion, du fait de son désir du salut des hommes, idée que l’on retrouve chez sainte Angèle de Foligno, Jean de Saint-Samson, Catherine de Jésus, le Cardinal de Bérulle, Charles de Condren, sainte Marguerite-Marie Alacoque cités par le Père Brune dans son ouvrage Pour que l’homme devienne Dieu.
Le Christ peut demander à certains d’aimer au point de partager cette souffrance même s’il ne faut accepter la souffrance ou même ne la chercher que si Dieu la demande et selon sa volonté. La souffrance acceptée par amour n’est pas toujours envoyée par Dieu qui la permet parfois pour le salut des pécheurs. Citant Roland de Jouvenel, François Brune reprend l’idée qu’en définitive souffrir sur la terre peut être une grande bonté de Dieu qui évite ainsi à ceux qu’il éprouve de parcourir après la mort des sentiers interminables, l’expiation sur terre supprimant le séjour dans les zones douloureuses. Le Père Brune s’appuie sur les messages de Pierre Monnier pour expliciter le lien entre souffrance et amour de Dieu : « Mais nous ne savons plus discuter avec Dieu, car il est Amour, Amour, Amour. Devant un tel amour, la souffrance se recueille… elle doit se recueillir. […] » Le Christ supplée aux défaillances des hommes non par ses souffrances mais par son Amour ; ses souffrances témoignent de son amour mais c’est cet amour qui accomplit l’œuvre de Rédemption, le salut n’étant pas une question d’expiation mais de suppléance conformément à ce que le Christ expliqua à Marie de la Trinité. Les défunts peuvent participer à cette œuvre de Rédemption non par de nouvelles souffrances mais en envoyant de l’amour sur terre. Cette souffrance des innocents pour sauver l’humanité, y compris leurs bourreaux, est au cœur du christianisme : elle est présente et a un sens. L’essentiel n’étant pas la souffrance mais son lien avec l’amour car ce n’est pas la souffrance qui sauve le monde mais l’amour. De fait, le Père Brune pense qu’il faut dénoncer un certain dolorisme mais pas n’importe comment car la souffrance librement consentie par amour est salvatrice et il cite à cet égard sainte Thérèse de Lisieux : « Ne croyons pas pouvoir aimer sans souffrir, sans souffrir beaucoup ». Pour François Brune, il est impossible à Dieu de nous priver des épreuves que nous nous infligeons car alors il nous empêcherait d’évoluer et d’être capables de nous rejoindre.
Le salut des non-baptisés
François Brune, très hostile à l’opinion de saint Augustin pour qui les enfants non baptisés ne pouvaient aller au Paradis, se réjouit dans ses ouvrages de l’abandon officiel de cette idée par l’Église catholique, bien que cette idée n’ait jamais constitué un article de foi obligatoire pour les catholiques.
Il se réjouit que, plus généralement, l’idée du salut des non-chrétiens soit largement admise dans l’Église catholique.
L’extension de la notion de « baptême de désir », puis de « baptême de désir implicite », implique un changement des mentalités avec l’idée d’un salut rendu accessible par le Christ à toute l’humanité à travers le temps et l’espace et pas seulement aux baptisés, même si cette idée était présente dès le début de l’Église. Pour le Père Brune, c’est faire injure à Dieu de penser qu’il exclut du salut les gens dont le seul crime est de ne pas avoir été baptisés ou d’être nés loin du plus proche missionnaire.
Le concept de « baptême de désir » permet à celui qui a manifesté le désir d’être baptisé mais en a été empêché par une mort imprévue d’être considéré comme baptisé dans l’au-delà. François Brune pense qu’il aurait été plus simple et plus exact de parler dans ce cas de désir de baptême mais cette formulation permet de maintenir dans le vocabulaire l’obligation absolue du baptême pour être sauvé : grâce à cette astuce, rien ne semble changé même si c’était pourtant une évolution importante.
Le « baptême de désir implicite » s’appuie sur l’idée que, si quelqu’un est droit, généreux, sincère, l’on peut présumer que, s’il avait eu connaissance du Christ et de l’Évangile, il aurait sûrement accepté le baptême et que donc il pourrait être sauvé. Pour le Père Brune, l’obligation du baptême est ainsi maintenue, mais dans les faits c’est reconnaître que le salut n’est pas assuré par l’accomplissement d’un rite mais par l’attitude intérieure : le changement est considérable car du coup des millions voire des milliards d’hommes que certains croyaient damnés pour l’Éternité se sont retrouvés dans la même situation que les baptisés, baptisés sans le savoir. Le concept de « baptême de désir implicite » permet de rattacher à l’Église souffrante ou triomphante après leur mort des gens qui ne se rattachaient pas à l’Église catholique de leur vivant et de maintenir la vérité de l’adage « hors de l’Église, point de salut ».
S’appuyant sur les témoignages de personnes ayant vécu des expériences de mort imminente, il affirme que ce qui est demandé à un défunt arrivant dans l’au-delà, ce n’est pas à quelle religion ou philosophie il se rattachait sur terre, mais comment il avait aimé et ce qu’il avait fait pour les autres. Cela ne signifie pas que toutes les religions se valent et que certaines ne portent pas à commettre des actes monstrueux et les chrétiens ont l’avantage de mieux savoir que les fidèles d’autres religions la vérité et à quel point un Dieu aime les hommes mais cela ne signifie pas qu’ils soient nécessairement plus fidèles à la Loi divine qui est celle de l’Amour. Hostile au syncrétisme, le Père Brune croit que lorsqu’un bouddhiste ou un musulman aime, son amour vient de la présence du Christ en lui, même s’il l’ignore