Le mot est chargé de beaucoup de choses, parfois liées à la culpabilité. Le pardon est devenu has been...
Mais garder rancune rend malade, même physiquement... Cela bloque tout et a des répercussions sur toute notre vie.
Un commercial qui a du stress, de la colère réussira moins bien ! Le pardon est un enjeu majeur qui va affecter tout notre être. Un cœur bien portant amène des pensées lumineuses...
On a fait de tels progrès en médecine, on peut réparer tant de choses, mais du côté des blessures du cœur, il y a un immense chantier. Ne pas laisser un cœur malade, le cercle de pardon est un outil qui va y contribuer.
Le pardon, c'est la guérison des blessures du cœur
Pardonner c'est guérir son cœur. Se refuser cela, c'est rester accroché. Vous avez été agressé dans un quartier malfamé. Pour une blessure légère, le corps est extraordinaire, il va se réparer de lui-même. Mais si la blessure est plus profonde, on besoin d'aide. Quand il s'agit des blessures du cœur, on a cette idée que, tant que l'autre ne nous a pas demandé pardon, ne s'est pas excusé, n'a pas réparé, on reste avec notre blessure. C'est comme si on attendait que ce soit la personne qui nous a agressé dans la rue qui vienne nous soigner, qui vienne nous recoudre. Si elle ne le fait pas, on n'a plus qu'à s'asseoir au bord de la route, à pleurer, à se vider de son sang et à attendre que l'autre veuille bien faire quelque chose pour nous guérir. Pour se réconcilier il faut être 2, mais pour pardonner on peut le faire seul.
Le pardon, c'est la douche du cœur
Lors du rituel, les gens ressentent comme une impression d'être lavé, de se sentir propre, que tout ce cholestérol émotionnel s'en va. La douche représente une idée d'hygiène. Il y a 100 ou 200 ans, l'hygiène du corps était fort différente. Dans les grands palaces, il n'existait qu'une seule salle de bains par étage, un bain de temps en temps, le parfum servait à masquer les odeurs... Aujourd'hui, notre hygiène s'est heureusement bien améliorée.
Mais l'hygiène du cœur ? Peut-on passer 10 ans, 20 ans sans s'occuper de son hygiène du cœur ? à avoir de vieux sentiments, de vieilles émotions malodorantes dont on ne s'est pas préoccupé ? Le pardon est comme la douche du cœur...
Il y a aussi une idée de répétition. Une douche, on en prend une tous les matins et même parfois aussi le soir, chaque fois que c'est nécessaire... La douche du cœur, c'est la même chose, on peut la faire, c'est bien de la faire régulièrement. Chaque soir on peut faire ce rituel en 4 étapes (à l'autre, aux boucs émissaires, à plus grand que soi et à soi) c'est une manière de ne pas emporter dans son sommeil tous les problèmes non réglés de la journée, de ne pas confier à nos rêves, à notre sommeil profond la tâche de jouer les éboueurs nocturnes et de sortir les poubelles qu'on n'a pas vidées avant de se coucher. Cette douche on peut la faire régulièrement, tous les jours ou une fois par semaine... ça amène une libération, un nettoyage.
Le pardon c'est la résurrection de l'amour
...ou la renaissance de l'amour. Quand nous vivons une séparation, des difficultés, un deuil, une partie de nous dit : c'est terminé, je n'aimerai plus jamais, je n'ouvrirai plus jamais mon cœur, aimer ça fait trop mal. Là, quelque chose meurt à l'intérieur de nous, on a le cœur sec, desséché... On rentre dans une phase sombre, désertique, où tout a perdu sa saveur, son goût. Cette plongée, cette nuit noire peut durer plus ou moins longtemps selon la gravité des expériences mais aussi selon les outils que l'on a pour sortir de ce désert. Quand on ressort de l'autre côté, que l'on a pu dépasser ces expériences, cet amour a quelque chose de vraiment particulier. Entendre un grand témoin de pardon, quelqu'un qui a vécu une expérience extrêmement douloureuse comme perdre sa fille ou son conjoint et qui réussit à pardonner, c'est le voir rayonner
Le pardon ce n'est pas
Dans la nébuleuse de toutes les définitions du pardon, selon que vous soyez catholique, musulman, athée ou "new age", on se perd et il est important de redéfinir ce que n'est pas le pardon :
- pardonner ça n'est pas religieux (s'il n'y avait que Jésus qui pouvait pardonner, il y aurait beaucoup de monde en rade) c'est accessible à tout le monde, y compris ceux qui n'adhèrent pas à une religion, heureusement, c'est comme la cicatrisation tout le monde y a droit... Cependant, adhérer à une voie spirituelle permet de se tourner vers plus grand que soi... le pardon a beaucoup à voir avec le lâcher-prise, avec le fait d'accepter les choses qui nous dépassent. Cela amène à une posture d'humilité devant l'immensité, humilité indispensable avec la capacité de pardonner. Il n'y a pas que la religion qui amène à cette humilité, un surfeur devant une vague gigantesque est bien amené à composer avec plus grand que soi
- pardonner ce n'est pas cautionner, donner raison à celui qui vous a fait du tort, ça n'est pas parce que je pardonne que je deviens stupide, celui qui m'a agressé, je vais demander réparation, je vais le dénoncer, mais sans haine ou désir de vengeance, je vais demander justice. La tête et le cœur c'est notre couple intérieur, c'est notre femme et notre homme intérieurs, souvent mal utilisé puisque soit c'est la tête qui décide et le cœur se dessèche, soit c'est le cœur (l'émotion) qui nous submerge et on ne peut plus penser.
Avec tel membre de ma famille, je vais me réconcilier et on aura ensuite une belle relation encore plus riche qu'avant, mais avec tel patron qui m'a fait subir un harcèlement moral de plusieurs mois, où je me suis retrouvé en 1000 morceaux, non, je ne vais plus m'y frotter... avec untel qui a violé la loi, je vais intenter une action en justice...
- pardonner ce n'est pas forcément se réconcilier, je peux avoir fait ma part, mais pour se réconcilier il faut être 2, si l'autre n'a pas fait sa part, on en reste là - la réconciliation sera peut-être possible un jour - ne plus avoir de haine ou de ressentiment oui, mais avec cette personne je ne souhaite pas renouer une relation, les conditions ne sont pas là... petit à petit une clairière se dessine...
- pardonner ce n'est pas forcément oublier, quand la plaie est guérie, elle ne fait plus mal, mais la cicatrice est là. Il ne s'agit pas d'oublier mais d'évacuer la charge émotionnelle liée à une expérience. On peut guérir dans le cœur et garder la chose en mémoire qui n'est plus porteuse de douleur.
Quant au devoir de mémoire, qui invite à ne pas oublier ce qui a été fait (aux juifs par exemple) cela n'amène-t-il pas garder la cicatrice ouverte ? Il existe une tribu amérindienne, les Newrocks, où il existe le devoir d'oubli. Quand tout a été entrepris pour réparer un meurtre, un abus, que la personne est pardonnée, le devoir d'oubli est si important que si quelqu'un reparle de la faute commise, c'est considéré comme aussi grave que la faute elle-même, c'est comme réveiller les morts. Entre ces deux solutions, nous en choisirons la troisième : du fruit qui est en train de pourrir, nous n'allons garder que le noyau, autrement dit garder l'essence, la leçon et être capable de l'utiliser, de planter ce noyau pour en faire un arbre.
Peut-on tout pardonner ?
Rien que le fait de se poser la question montre une manière d'envisager le pardon qui n'est plus la bonne. Changer sa manière d'aborder le pardon, c'est se dire que c'est pour soi, pour guérir son cœur, se dire que cela n'empêche pas d'être intelligent, que ce n'est pas être bisounours ou lâche ou faible ou stupide, que ça amène à une autre vision des choses.
Deux autres questions se posent
- Est-ce que je peux guérir et aimer à nouveau ?
Oui... cela peut être difficile et prendre du temps, mais oui, on peut y arriver !
- Qu'est-ce qui est juste que je décide par rapport à la personne qui m'a fait vivre cette expérience ? réconciliation ? couper les ponts ? déposer une plainte ?
Chacun trouvera sa propre réponse.
Pardonner est-ce un acte de faiblesse ?
Non, cela demande beaucoup de courage disait Gandhi. Se blinder dans son bon droit, dans ses peurs, dans ses sentiments négatifs, ce n'est pas une forme de force, mais quelque chose de douloureux qui nous détruit...
Le pardon c'est la porte étroite vers un monde qui ne sera pas prisonnier de son passé, prisonnier de douleurs et de drames d'autrefois, la porte étroite vers un monde avec plus de valeurs féminines, de créativité, de respect de la nature et de l'environnement.
Propos d'Olivier Clerc (tiré d'une conférence)