14 Février 2019
La Rencontre
Juin 2006, Gama, Etat du district fédéral. Me voici arrivée dans ce village à 30 mn de Brasilia. Une zone rurale pauvre, un contraste avec la capitale si moderne et riche. Une grille de fer s’ouvre devant moi, une bâtisse rectangulaire, une terrasse ceinture le bâtiment et un immense parking de gravier. Des lauriers roses le long de la terrasse sont le seul artifice décoratif du lieu. Simplicité et dénuement, voici ce qui me vient à l’esprit. Je suis au centre Bezerra de Meneze. Un petit homme, casquette sur la tête, des yeux vifs, bruns, une petite moustache au dessus d’une bouche aux lèvres minces et sérieuses, attend sur le perron. Il porte une blouse blanche, tel un médecin : c’est Valentim et il m’attend. Son histoire, une vocation divine
En une année de travail près de lui, j’ai appris beaucoup sur sa vie personnelle. Une vie difficile dès l’enfance ; la souffrance il sait exactement ce que cela signifie. Orphelin dès l’âge de 9 ans, c’est dans la rue qu’il grandit, dans un des états les plus pauvres du Brésil. Après le décès de sa famille, il perd la vue et l’usage de ses jambes. Tout ce qui lui reste, c’est une planche à roulettes, qui deviendra son inséparable amie, pendant 14 longues années, sur laquelle, il se déplace et vit. Valentim manifeste très tôt des dons particuliers, mais, pour lui, ce n’est pas important, son seul objectif : assurer sa nourriture quotidienne et sa survie dans la rue.
Un soir, un orage violent éclate, il pleut à verse et un immense torrent de boue se crée, le voici emporté par les eaux sur sa planche de bois, il ne voit pas, ne sait pas où il va, juste le bruit et la fureur des eaux qui le chahutent de tout bord. Il tombe à l’eau et son corps se retrouve prisonnier dans un trou de boue, il appelle au secours mais personne ne l’entend. Seule sa tête sort à l’extérieur. Des vagues balaient son visage et il doit lutter pour respirer. …. .
Au petit matin, des passants venus constater les dégâts du déluge de la nuit, voient un visage humain pris dans la boue. « Un mort » pensent-ils. Ils sortent le corps et le déposent sous un arbre à proximité. Ils préviennent les autorités locales. Plus tard, des hommes arrivent et ne voient pas de mort sous l’arbre mais un jeune homme bel et bien en vie qui semble être rempli de lumière ; quelque chose se dégage de lui d’inexplicable. L’un des hommes est malade ; à l’approche de Valentim il guérit spontanément. Miracle ! Valentim que tous connaissaient pour son handicap se lève, marche et voit, pour lui aussi, c’est le miracle. De nombreux journaux relateront ces faits dans la région. C’est le début de sa carrière, ô combien difficile à assumer : il lui faudra avoir de la compassion au-delà de sa propre souffrance, pour soigner ceux qui, jadis, lui avaient fait du mal ….
Vers la trentaine, ses guides lui demandent de venir à Gama. Il s’y installe, fonde une famille. Sa réputation le précède, beaucoup l’attendent pour être guéris. Depuis, il reçoit en toute simplicité et humilité dans son centre, de façon égale pour tous. Rien n’entache sa réputation qui est impeccable en tous points. De nombreux docteurs travaillent à ses côtés, une union de la médecine spirituelle, à celle des hommes. Chaque jour, il y a des témoignages de guérison. Pas d’artifice, pas de culte, rien que l’amour inconditionnel et la compassion véritable.
Aller voir Valentim, ce n’est pas un voyage, c’est la rencontre de l’absolu, de la pureté et de la dévotion réelle d’une âme envers les hommes. Valentim c’est le sens vrai de l’Amour au service de la Compassion humaine.
Source : https://www.soleil-levant.org/2007/06/valentim-guerisseur-par-amour/
Par Caroline Carre