15 Novembre 2020
Comment expliquer la mort aux enfants ? Avant de répondre à cette question, il convient de mentionner ici un autre concept : le deuil ou la façon de vivre une perte ou un décès.
Le deuil est un processus complexe auquel nous sommes confrontés lorsque nous perdons un être cher, mais aussi lorsque nous sommes confrontés à une rupture, à la perte d’un emploi, à un handicap, etc. C’est un processus de réorganisation et de restructuration de la réalité qui nous permettra de nous adapter à la nouvelle vie que cette perte nous laisse.
Dans cet article, nous répondrons à cette question grâce aux conseils et aux directives de la Société catalane de pédiatrie, en collaboration avec le Parc Taulí de Sabadell. Nous verrons que les lignes directrices varient légèrement en fonction de l’âge. Cela a beaucoup à voir avec l’évolution de l’enfant et le concept de mort à chaque période de notre évolution.
Dans un premier temps, nous expliquerons à quel stade de développement se trouvent les enfants selon leur groupe d’âge (sur le plan psychologique, social, du langage, de l’autonomie…). Nous aborderons ensuite la question de savoir comment ils comprennent la mort à leur âge et comment nous pouvons leur expliquer le décès d’un être cher.
Ces points précédents seront essentiels pour comprendre pourquoi nous devrions utiliser un certain langage plutôt qu’un autre et certaines lignes directrices spécifiques. Poursuivez donc votre lecture pour en savoir plus.
“Toute tentative d’éliminer le chagrin ne fait que l’irriter davantage. Vous devez attendre qu’il soit digéré et le plaisir dissipera alors ses restes.”
-Samuel Johnson-
La petite enfance couvre la période de vie allant de la naissance à deux ans. À cet âge, le monde d’un enfant tourne autour des routines, et le contact avec les personnes qui s’occupent de lui est primordial.
Dès l’âge de 2 ans, le langage bat son plein et les enfants peuvent comprendre et dire des mots liés à leur vie quotidienne. Ils peuvent ressentir et exprimer des émotions de base, telles que le plaisir ou la colère, par leur comportement.
À quoi ressemble le deuil à cet âge ? À l’âge de 2 ans, la mort n’est toujours pas comprise. Logiquement, si la personne décédée est la principale personne qui s’occupe de l’enfant, cela aura des répercussions sur l’enfant, même s’il ne peut pas comprendre ce qui se passe.
Il sera donc très important de préserver autant que possible la routine quotidienne de l’enfant. Il sera important que les soins quotidiens continuent d’être assurés par la personne qui s’occupe principalement de l’enfant, si possible.
En outre, nous devons tenir compte ici du fait que les expressions émotionnelles très intenses de l’adulte peuvent bouleverser l’enfant. Jusqu’à l’âge de 2 ans, les enfants expriment leurs émotions par leur comportement et non par le langage.
Comme on peut le voir, le deuil dans la petite enfance est très particulier. Il faut souligner ici qu’il est important que l’enfant se sente pris en charge et ne perde pas le contact avec d’autres figures de référence.
Bien que la compréhension de la mort soit très limitée dans la petite enfance, la nouvelle doit être communiquée. Comment ?
Tant que l’enfant possède le langage, il sera important d’utiliser des mots ou des phrases simples et brefs, et de transmettre la nouvelle de manière claire et calme dans un environnement sûr. La nouvelle doit être communiquée par la personne qui s’occupe principalement de l’enfant, dans un endroit confortable et familier pour l’enfant.
Quand faut-il le faire ? Lorsque l’adulte se sent en contrôle de ses propres émotions. Après la communication de la nouvelle, l’enfant doit avoir la possibilité de retourner à son jeu ou à sa routine habituelle. Le retour à la normale est essentiel à ce stade.
Comment expliquer la mort aux enfants de 3 à 5 ans ? Tout d’abord, voyons à quoi ressemble leur développement à ces âges-là. Entre 3 et 5 ans, les enfants sont souvent agités et curieux. Ils commencent à gagner en autonomie (et à la revendiquer). Des peurs et des fantasmes peuvent commencer à apparaître. Le langage commence à s’imposer.
Sur le plan mental, leur pensée est égocentrique, ce qui signifie qu’ils comprennent le monde à partir d’eux et de leurs propres expériences. En revanche, lorsqu’il s’agit d’interpréter les événements, leur pensée est ici inflexible et un peu magique.
Selon les experts, les enfants de cet âge ne comprennent pas que la mort est universelle (nous mourons tous). Ils ont une conception de la mort qui est réversible (c’est-à-dire qu’elle n’est pas éternelle). Leur pensée magique leur permet de confondre une pensée avec un fait (par exemple, ils peuvent penser que “si je pense à la mort, elle arrivera”).
Selon la Société catalane de pédiatrie, nous devons offrir une explication concrète et réelle, basée sur leur vie quotidienne et leur expérience. L’explication doit être donnée par la personne qui s’occupe principalement de l’enfant, lorsque ce dernier est calme, et dans un endroit sûr pour lui.
La nouvelle doit être communiquée le plus rapidement possible. Il n’est pas nécessaire d’attendre. Enfin, nous devons offrir à l’enfant un espace où il peut dissiper ses doutes.
À cet âge, l’autonomie bat son plein et le langage est déjà développé. Les enfants parlent et comprennent des concepts qui sont de plus en plus abstraits et symboliques. En outre, leur pensée est plus souple et plus réfléchie, et ils sont très curieux. La plupart sont capables de différencier la réalité de la fantaisie.
Par rapport à la mort, c’est là qu’ils commencent à comprendre que la mort est un phénomène irréversible. Ils comprennent également que le corps cesse de fonctionner lorsque nous mourons. Ils n’intègrent pas encore l’idée de leur propre mort, mais ils sont préoccupés par la pensée qu’un proche ou un être aimé puisse mourir.
Il est essentiel de ne pas les tromper ou utiliser des métaphores, car cela peut les frustrer et générer davantage de doutes. Il est normal à ce stade de chercher de nombreuses explications ; nous devons donc être disponibles pour dissiper leurs doutes avec franchise et clarté.
L’explication doit être claire, réelle et brève. Nous ne devons pas attendre trop longtemps pour la transmettre.
À cet âge, les changements de la puberté commencent. Ils ont maîtrisé le langage, et leur pensée leur permet de raisonner logiquement sur des situations abstraites. Ils peuvent identifier et exprimer des émotions complexes (telles que la déception), et comprendre que différentes émotions peuvent coexister simultanément.
Dans la préadolescence, le concept de mort est déjà pleinement développé, et par rapport à lui, ils comprennent ce qui suit :
Comment expliquer la mort aux préadolescents ? Comme aux époques précédentes, nous le ferons de manière claire, brève et honnête.
Il faut le faire dans un endroit intime et tranquille. Il est aussi important de permettre à l’adolescent d’exprimer ses émotions et ses doutes. En somme, ils doivent sentir qu’ils peuvent poser les questions qui leur viennent à l’esprit et se défouler.
Enfin, nous entrons dans l’adolescence, une étape caractérisée par des changements tous azimuts. La plupart des adolescents entament une “lutte” pour leur indépendance.
Dans de nombreux cas, ils se forgent progressivement une image de soi, ainsi qu’une image plus précise de leur environnement. Pour toutes ces raisons, le deuil à l’adolescence est différent de celui de l’enfance ou de l’âge adulte.
C’est une étape délicate, où il y aura des moments de vulnérabilité particulière. Les pertes y sont généralement très importantes, car ils ont déjà eu le temps de forger une relation avec le défunt. De plus, ils sont capables de comprendre ce que signifie un décès.
Comment se déroulera le deuil ? Il sera plus ou moins intense selon le degré d’intimité et de lien avec le défunt, les circonstances du décès, la possibilité ou non de lui dire au revoir
À ce stade particulièrement sensible, nous devons expliquer soigneusement la cause à l’origine du décès. Idéalement, la nouvelle doit être communiquée par la personne qui a le lien le plus étroit avec l’adolescent, dans un endroit intime et le plus tôt possible.
Nous devons le faire de manière honnête et concise. Et ce, en respectant leur espace et en étant disponible pour dissiper le moindre doute.
Source: https://nospensees.fr/comment-expliquer-la-mort-aux-enfants/