Les montagnes escarpées de l’Himalaya sont sanctifiées depuis des temps immémoriaux par la divine Présence du glorieux Shiva. Les hautes vallées de cette région attirent ceux qui renoncent au monde et choisissent de vivre pleinement leur spiritualité. La solitude glacée des sources du Gange est devenue l’ultime refuge pour ces hommes et ces femmes qui espèrent atteindre le Samahdi et obtenir l’Élixir de la vie immortelle, afin de rejoindre la grande Communauté des Âmes rayonnantes.

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Des milliers de Yogis vivent ainsi reclus au sein de grottes et de sanctuaires, tout près des cimes enneigées, en quête d’absolu, de lumière, embrasant les éperons des plus hauts sommets du feu de leur dévotion. Toute la chaîne himalayenne, depuis le Cachemire jusqu’aux confins du Bhoutan est nimbée du rayonnement de ces êtres exceptionnels. Il suffit parfois d’écouter le récit de ceux qui ont côtoyé certains de ces ascètes pour ressentir la vibration de leur présence et rétablir en soi la connexion à l’inépuisable Source de la Vie cosmique.

L’un de ces yogis auréolés de magie et de Lumière divine est le mystérieux Babaji, le divin Mahavatar dont l’existence fut révélée au monde à travers le témoignage de Paramahansa Yogananda rapporté dans son célèbre livre Autobiographie d’un Yogi publié en 1946.

La condition spirituelle d’Avatar, qui est celle de Babaji, échappe à l’entendement humain. Le regard de l’homme incarné ne peut contempler le flamboiement scintillant de sa sublime divinité ; elle constitue un mystère impénétrable. Son corps est une condensation d’énergie solaire et de particules de lumière ; une fois matérialisé, il demeure absolument pur.

Dans le livre de Yogananda, le récit qu’il donne de la rencontre entre Babaji et son disciple Lahiri Mahasaya est teinté de féerie et entraîne le lecteur dans un fascinant monde de pure magie, qui n’est pas sans rappeler la merveilleuse ambiance de certains contes des mille et une nuits. Yogananda rapporte notamment un étrange épisode au cours duquel Lahiri est soudain transporté dans un somptueux palais en or incrusté de pierreries, jailli en un instant de la montagne, où il reçoit une initiation au Krya Yoga.

Cet univers mystérieux est présenté par Yogananda comme une création holographique de Babaji, une cristallisation tridimensionnelle de son pouvoir mental. « L’ensemble du Cosmos » explique-t-il « est une projection de la pensée du Créateur. Même ce palais en or n’est qu’un rêve objectivé de Dieu. » Babaji montre à Lahiri qu’il a le pouvoir d’assujettir les atomes et les éléments et de les combiner en une infinité de formes, car il ne fait qu’Un avec la Volonté Divine créatrice, et il lui annonce qu’il dématérialisera ce joyau architectural à l’instant même où il aura cessé d’avoir une raison d’être.

C’est donc dans ce rêve cristallisé par le pouvoir de son Guru que Lahiri reçut l’initiation au Krya Yoga, le Yoga de l’Immortalité transmis par Babaji depuis l’aube des âges. Les récits d’événements extraordinaires et de phénomènes inconcevables ont étayé tous les témoignages des différents disciples de ce yogi inclassable, de ce "Yogi-Christ", comme le nomme Yogananda.

Selon ces récits, Babaji vient régulièrement insuffler des particules de sa toute-puissance à des êtres humains. Une fois projeté dans un corps physique, il y reste matérialisé aussi longtemps que l’exige sa mission. Puis la partie divine de son Être déplace sa Flamme dans un nouveau corps. Car le Créateur a choisi Babaji pour exprimer Sa Puissance créatrice dans un corps de chair jusqu’à la fin des temps. C’est ainsi que le Maître immortel demeure à jamais présent sur la scène terrestre.

Le Yogi-Christ possède le pouvoir de se rendre invisible et d’apparaître ou de disparaître à son gré à travers des "walk-in", c’est-à-dire des formes humaines empruntées durant quelques années à des êtres incarnés déjà éveillés et particulièrement purs qui, au contact de sa divine Présence, deviennent de grands Maîtres spirituels.

Le plus extraordinaire et le plus mystérieux de ces Maîtres fut peut-être Herakhan Baba, le Maître de Lahiri Mahassaya puis de Sri Yukteswar, qui disparut en 1922, avant de revenir dans le même corps physique mais sous une apparence rajeunie en 1970, année où il prit le nom d’Haidakhan Babaji qu’il conserva jusqu’à sa dématérialisation physique définitive en février 1984.

Hairakhan Baba

Au centre : Herakhan Baba

En 1922 donc, alors qu’il approchait de ses 80 ans dans son incarnation transitoire, Herakhan Baba disparut un beau jour aux yeux de ses disciples dans un halo de lumière au moment où il était en train de se baigner au confluent de la Kali et de la Gori. Il leur avait annoncé peu de temps auparavant qu’il était sur le point de se dématérialiser et qu’il reviendrait 50 années plus tard dans un corps physique rajeuni pour préparer l’humanité à l’Ère Nouvelle. C’est à Haidakhan que le miracle se produisit effectivement en 1970.

Haïdakhan est un petit hameau himalayen perdu au creux d’une vallée à la frontière de l’Inde et du Népal. Traversé par la Gautam Ganga, son paysage idyllique est couronné par une montagne considérée comme la première demeure de Shiva, le Petit Kailash, où le Dieu résidait avec sa compagne Parvati, avant de se retirer au Tibet sur le grand Mont Kailash.

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Ci-dessus : Haidakhan - Ci-dessous : Le "Petit" Kailash vu d'Haidakhan

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La vallée d’Haidakhan est un lieu magique et préservé, propice à la sagesse et à la méditation. C’est sur ce site hors du temps qu’apparut soudainement un adolescent d’une grande beauté un matin de l’année 1970. Il fut découvert par un groupe de pèlerins assis en silence dans une grotte de la montagne. Le visage émacié du jeune-homme était éclairé d’un regard de feu. Une longue chevelure noire tombait sur ses épaules nues. Un peu moins de 50 années s’étaient écoulées depuis la mystérieuse disparition de Babaji.

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Babaji jeune

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Le jeune-homme déclara à ses visiteurs être Herakhan Baba, l’immortel Babaji ; il affirma qu’il était revenu sur ce plan d’existence pour parachever sa mission salvatrice. Il fut évidemment difficile à ceux qui avaient connu l’ancien Babaji d’admettre que leur Maître, disparu sous la forme d’un vieillard, puisse soudainement réapparaître sous les traits d’un adolescent 48 années plus tard. Mais certains des anciens pratiquants du Krya Yoga acceptèrent de reconnaître le jeune ascète comme leur guru.

Un procès mémorable eut lieu au sujet de la propriété du temple d’Herakhan, car le nouveau Babaji s’était autoproclamé propriétaire des lieux occupés par son prédécesseur - c’est-à-dire lui-même - au début du siècle ! Une enquête fut ordonnée mais ne put aboutir ni déterminer d’où venait cet énigmatique adolescent qui déclarait n’avoir pas de parents et être né à Herakhan 130 années plus tôt ! Il raconta aux enquêteurs qu’à sa disparition, il avait été pris en charge par un sadhu pendant 9 années et qu’il avait ensuite réussi à retrouver sa jeunesse avant de se présenter à nouveau au monde.

Lorsque le juge manifesta son étonnement quant à son stupéfiant rajeunissement, le jeune-homme expliqua que son aspect actuel était le résultat de son ardente pratique du Krya Yoga, que les disciplines associées au Krya Yoga lui avaient permis de régénérer toutes les cellules de son corps et rendu son éternelle jeunesse. Il n’y avait donc, selon ses dires, aucun doute permis à son sujet : il était bien l’unique et immortel Babaji !

Le plus extraordinaire de cette histoire véridique et avérée est que ce jeune-homme sorti de nulle part obtint gain de cause et récupéra l’entière propriété des biens possédés autrefois par Hairakhan Baba !

Quelques mois plus tard, Babaji sortit définitivement de sa longue retraite silencieuse et prit le nom d'Haidakhan Baba. Dès 1974, il devint une figure spirituelle mondialement connue. Les Indiens accouraient de toutes les régions du Deccan pour se prosterner à ses pieds comme s’il s’agissait de Shiva lui-même. De nombreux jeunes Occidentaux, dont beaucoup d’Anglais, répondirent également à cet appel du Mystère et des centaines de pèlerins vinrent plusieurs années durant se ressourcer au creux de cette vallée perdue, bravant un périple difficile, obligés de traverser à gué des rivières glacées et torrentueuses et d’accepter l’inconfort et les privations.

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Babaji adulte

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Il faut dire que non seulement le jeune Haidakhan Babaji était un être rempli de bonté, de gentillesse et d’amour envers les autres, mais il émanait de lui une lumière tout à fait exceptionnelle. Plusieurs de ses disciples ont remarqué qu’à certains moments de l’année, notamment à l’époque de la cérémonie du Wessac, son corps ne projetait plus aucune ombre et qu’il ne laissait plus aucune empreinte sur le sol en marchant. Ce sont les signes symboliques de l’absence totale de ténèbres et de karma, les signes qu’Haidakhan avait bel et bien accueilli en lui la divine Présence de Babaji et atteint l’état de "Paramukta", qui confère la maîtrise absolue de la matière.

Autour de Babaji, l’atmosphère était irréelle et magique. Tous ceux qui ont séjourné ne serait-ce que quelques jours à ses côtés parlent d’un moment suspendu hors du temps et de l’espace ; ils évoquent une sorte de voyage dans un monde parallèle totalement féerique. La beauté de la vallée, la magie des levers de Soleil, l’embrasement du ciel au crépuscule, les chants à la nuit tombée et le rayonnement de l’Avatar contribuaient à transporter l’âme jusque dans des régions de pure beauté où règne immuablement l’harmonie parfaite entre les êtres. De nombreuses années après sa nouvelle disparition, c’est avec émotion et nostalgie que les pèlerins de ce royaume intemporel se remémorent ces moments de joie extatique qu’ils vécurent aux pieds du divin Babaji.

En février 1984, alors qu’il semblait en relativement bonne santé, Babaji déclara à ses proches que sa mission était terminée. Il s’allongea en souriant et s’éteignit paisiblement quelques heures plus tard. Son corps physique semblait n’avoir pas plus qu’une trentaine d’années, et émanait le doux et délicat parfum de la rose.

À la fin de son incarnation, il se nourrissait très peu ; l’adolescent irradiant une beauté sauvage s’était cependant épaissi, et son regard de feu s’était peu à peu imprégné d’une profonde tendresse. Le divin Babaji avait absorbé dans sa chair non seulement le mauvais karma de ses disciples, mais également celui d’une partie de l’humanité afin d’accélérer notre libération et d’ouvrir la voie à l’avènement de l’Ère Nouvelle et de la Fraternité entre les hommes.

Si aujourd’hui, nous sommes sur le point de restaurer l’Âge d’Or sur notre planète, c’est en partie grâce au don de ce noble Avatar à notre humanité.

Béni soit son saint nom !

OM NAMAH SHIVAYA BABAJI !

OM SHANTI OM !